2ème tour :Strasbourg - Bastia
Le Racing débute sa campagne en coupe de la Ligue demain Coupe à coeur, coupe à piquesBastia pointe son nez à la Meinau, pour les débuts strasbourgeois en coupe de la Ligue. L'épreuve réservée aux clubs pros de l'Hexagone bénéficie d'une légitimité toute relative. Mais ses acteurs se refusent de la négliger. Une campagne de coupe de la Ligue, c'est un peu comme une histoire d'amour. Ça débute souvent sur des bases d'une anodine banalité, dans le cadre d'une salle de cinéma anonyme, d'un restaurant douteux ou d'un quai de gare sans âme. Et puis, ça peut donner lieu aux feux d'artifice les plus spectaculaires.
Demain, le Racing va tenter d'écrire une nouvelle histoire d'amour avec une épreuve qu'il a remporté en 1997 et 2005, sous les yeux de quelques milliers de courageux pas refroidis par la grisaille ambiante. En prévision, il a d'ores et déjà été décrété qu'une tribune de la Meinau sera fermée. Il y aura Bastia en face, croisé voilà trois semaines, et donc une confrontation entre équipes de L 2 qui relève d'un plate normalité ce mardi.
Le trophée décerné ressemble à un saladier à sangria Il y aurait donc quelques raisons de prendre le rendez-vous par dessus la jambe dans le cadre d'une épreuve volontiers dénigrée pour son caractère artificiel. La coupe de la Ligue, version contemporaine, est née lors de la saison 1994-95 et concerne seulement les 45 clubs bénéficiant du statut pro dans l'Hexagone. Au passage, ce principe ne manque pas de faire correspondre le tournoi au « foot business » tant pourfendu. L'attrait financier de cette coupe ne se montre pas négligeable, avec une récompense de plus de deux millions d'euros pour le vainqueur et de 150 000 euros pour une élimination en 16e.
Pour noircir le tableau, on remarquera que le trophée décerné ressemble à un saladier à sangria et que les maillots des protagonistes sont affublés de sponsors très moches. Mais il est aussi question de sport. Encore que.
La dernière édition aura surtout retenu l'attention à travers le spectacle en tribunes lors de sa finale. Des suiveurs du PSG ont joué la carte de la provocation, par le biais d'une banderole à l'attention des supporters lensois. Et ils ont fait mouche à tel point que le Président Sarkozy s'est saisi de l'affaire.
Plus légèrement, il y a des instantanés moins pitoyables. Encore que. De la Panenka ratée du Nantais Landreau face au Sochalien Richert, aux éclairs de Pauleta face à Lorient, en 2002, les luttes finales ont parfois valu le coup d'oeil.
Elles ont valu quelques bonheurs à des Strasbourgeois d'aujourd'hui, mais des malheurs aussi. Pierre Ducrocq se souvient avec acuité de l'un des plus grands naufrages du Stade de France. « Oui, j'étais de la finale perdue par le PSG face à Gueugnon (ndlr : 2-0, en 2000), explique le joueur. Et ce jour-là, on aurait pu jouer trois heures sans marquer. »
A partir d'un amalgame et d'un état d'esprit Pour édulcorer le rendez-vous manqué, le défenseur peut sortir de sa boîte à souvenirs deux éditions plus riantes : « j'étais des premiers matches lors de la campagne en 1995 et j'ai joué la finale remportée en 1998. A chaque fois, finalement, c'est à partir d'un amalgame, d'un état d'esprit que l'on avance et cela explique le parcours de petites équipes. On se retrouve à devoir gagner un match toutes les cinq ou six semaines. Tandis qu'en championnat, c'est sans doute le fonds de jeu qui prime. »
On peut interpréter la campagne 2005 du Racing, achevée sur la victoire face à Caen (2-1), à l'aune de cette analyse. L'équipe strasbourgeoise avait bigrement tangué en début de saison, Antoine Kombouaré avait été sacrifié et c'est la bande de Jacky Duguépéroux qui décrochait la timbale, au terme d'un parcours assez improbable, ponctué de victoires à Troyes, face à Lille, Clermont et St-Étienne.
« Je l'ai sur mon CV et cela correspond à une belle histoire pour moi, même si j'étais jeune à l'époque, indique ainsi le vieux Rudy Carlier, 22 ans. Je n'ai pas vécu jusqu'au bout l'aventure et j'étais dans les tribunes du Stade de France, pour la finale. Il faut dire qu'il y avait Pagis-Niang en attaque. » Accessoirement, les victoires à Troyes ou face à Lille « par -20° au moins » ont participé à un apprentissage à grande vitesse, avec, notamment, un tir au but inscrit face au LOSC.
Au début, cela n'intéresse pas grand monde « C'est un truc à vivre, un truc inoubliable, souligne Guillaume Lacour, titulaire au SdF le 30 avril 2005. Une épreuve comme celle-là, on se prend au jeu. Au début, cela n'intéresse pas grand monde. Mais au fur et à mesure, tout le monde veut la gagner. Et c'est aussi l'occasion de croiser éventuellement des équipes de L 1. Donc, il n'y a pas de raison de négliger Bastia. »
La perspective de croiser une équipe de l'élite, c'est pour le tour d'après, selon le tirage. Les pensionnaires de la Ligue 1 font leur début au stade des 16es de finale, sauf Lyon et Bordeaux, protégés jusqu'au 8e.
Mais dans tous les cas, il n'est pas question de sacrifier la dynamique actuelle sur l'autel d'une certaine négligence. Stéphane Cassard était de l'aventure 2004-05, mais sur le banc. « Je jouais le championnat, dans une saison difficile, explique le portier. C'est Rémy Vercoutre qui jouait les coupes. La victoire finale n'a pas eu la même saveur pour moi, mais j'ai ma réplique de la coupe, bien rangée à la maison. » Pour l'aventure amenée à débuter mardi, les intentions strasbourgeoises sont fermement établies : le n°1 des bois sera sur la pelouse.
François Namur
Édition du Lun 8 sept. 2008