Entretien avec Gillot - "Les mecs ont envie"

Arrivé en janvier dernier pour tenter de redresser une situation quasi désespérée, Francis Gillot a largement contribué au maintien de Sochaux en Ligue 1. A dix jours de l'ouverture de la saison face à Grenoble, l'ancien entraîneur de Lens s'est longuement confié. Il espère une saison plus tranquille et constate que son groupe a la même volonté de se battre qu'à son arrivée.

« Francis Gillot, êtes-vous superstitieux ?
Non, pourquoi ?

Parce que Sochaux fonctionne souvent en mode alternatif : l'équipe rame une saison sur deux...
Donc cela devrait mieux se passer en 2008-2009. Mais je n'accorde pas beaucoup d'importance aux statistiques. Les équipes changent, les entraîneurs aussi. Moi, ce que je souhaite, c'est de vivre une saison moins compliquée. Les joueurs qui étaient là doivent penser comme moi.

Vous êtes arrivé en janvier, alors que Sochaux était dix-neuvième. Lors de la phase retour, l'équipe a effectué un excellent parcours et s'est sauvée. N'est-ce pas un peu bluffant pour un entraîneur d'avoir un groupe capable d'un tel grand écart?
Disons que l'équipe n'était pas à sa place lors de la phase aller et qu'elle était ensuite en léger surrégime. La vérité se situe à mon sens entre les deux. Sochaux vaut le milieu de tableau. Quand je suis arrivé, le groupe était marqué mais décidé à s'en sortir. Je me suis appuyé sur cette envie, j'ai apporté mon discours, ma méthode et on a rapidement obtenu des résultats intéressants. Mais si on avait réalisé une mauvaise série en janvier, c'était mort.

Parlons du recrutement. Vous avez perdu avec N'Daw et Bréchet deux tauliers. Et vous avez recruté Faty et Santos, qui n'ont pas beaucoup joué l'an dernier, et Carlao, que personne ne connaît.
Plus Perquis, qui a définitivement été transféré. Nous avons recruté avec nos moyens. Faty et Carlao n'ont coûté que deux millions d'euros au total, et Santos était libre. Faty et Santos, même s'ils n'ont pas beaucoup joué la saison dernière, nous les connaissons. Ils ont des qualités et très envie de se relancer. Quant à Carlao, je le suivais depuis un certain temps. Il peut jouer en défense centrale ou à gauche. Il est tonique, bon contre-attaquant. Ces trois recrues sont des paris, je vous l'accorde, mais avec des risques mesurés.

Y aura-t-il d'autres arrivées ?
Pour le moment, ce n'est pas prévu. J'ai un effectif déjà assez large et certains cas sont toujours en suspens. Afolabi a un bon de sortie mais il n'a pas encore reçu de proposition. Et cela ne me dérangerait pas s'il devait rester. D'autres souhaitent obtenir plus de temps de jeu qu'à Sochaux où ils n'ont aucune garantie d'en avoir. Mais personne n'est indésirable.

On a parlé cet été des départs de Dalmat et d'Erding...
(Catégorique) Si ces deux joueurs, qui ont largement contribué à sauver le club, étaient partis, je pense que j'aurais fait la même chose. Mais je ne me suis pas inquiété, puisqu'ils sont sous contrat.

Ne pas tout changer faisait partie de vos priorités ?
Je constate depuis la reprise que le groupe est toujours sous la dynamique de la seconde partie de championnat. Les mecs ont envie de bosser et l'état d'esprit est positif. Je crois en ce groupe, même si, comme n'importe quel entraîneur, j'aurais aimé qu'il soit encore plus renforcé. Mais je m'adapte aux moyens du club, qui ne peut pas rivaliser avec d'autres quand il s'agit de mettre six ou sept millions d'euros sur un joueur.

Et vous êtes toujours rétif à livrer le moindre objectif ?
Ce n'est pas mon truc... Je pense que, sans être trop perturbés par les blessures des cadres, on peut viser peut-être aux alentours de la huitième place. Sinon, on sera dans la seconde partie. Et l'idéal serait de prendre un bon départ. Mais comme tout le monde dit ça... Ce sera une saison de transition.

L'opération sauvetage que vous avez menée à bien a-t-elle été une occasion de vous découvrir un peu plus?
Je ne pense pas. J'avais déjà connu une expérience semblable en 2005 quand j'avais succédé à Joël Muller à Lens. L'équipe était mal classée et on avait terminé septième. (Il marque une pause). Il y a un an, Lens avait fini cinquième et tout le monde tirait la gueule. Un an après, le Racing est descendu. J'ai pas mal de recul par rapport à mon travail et à ce milieu. Je ne suis pas du genre à me prendre la tête. J'ai connu le haut et le bas du tableau. Je suis un entraîneur complet (rires)...»

Entretien réalisé par Alexis BILLEBAULT

Gillot le héros!