Les histoires de coeur de Lilian Thuram

Lilian Thuram, le recordman de sélections en équipe de France - 142 capes tout de même - pourrait ne plus jouer au football en raison d'une cardiomyopathie hypertrophique. C'est grave, docteur ?
Annoncé au PSG au terme d'un Euro passablement douteux, Lilian Thuram n'a pas signé son contrat en raison d'une visite médicale défavorable. L'international, qui passera un autre « check up » le 30 juillet pour juger de l'évolution du mal, s'est vu déceler une cardiomyopathie hypertrophique.
En résumé, les parois de son coeur se révèlent trop épaisses pour assurer un remplissage sans risque du muscle cardiaque soumis à un effort intense. Cette faiblesse provoque des risques de mort subite, les 9/10e répertoriés chez les jeunes populations.
« On décèle plusieurs types d'hypertrophie, indique François Piétra, le médecin du Racing Club de Strasbourg, qui avait géré, à l'été 2007, le cas de Johan Radet (lire ci-contre). Par rapport à ce que l'on a entendu sur le cas Thuram, il semble que le joueur se soit situé aux limites pendant quelques années avant de se retrouver en danger aujourd'hui. »

« On peut être
un peu surpris »


L'évolution du mal du Guadeloupéen, âgé de 36 ans, ne manque néanmoins pas d'interpeller certains spécialistes du sujet. Au Barça, Lilian Thuram s'est consacré à une activité sans excès, puisque Franck Rijkaard l'avait laissé régulièrement sur le banc des remplaçants. Or une saison en pente douce n'est pas susceptible d'aggraver la faiblesse cardiaque dans des proportions dramatiques.
« On peut être effectivement un peu surpris par rapport au verdict qui n'intervient que cet été, explique Clément Roos, cardiologue à Strasbourg-Cronenbourg. Il y a une origine congénitale aux problèmes du joueur, puisque son frère est décédé sur un terrain de basket il y a une quinzaine d'années. La pratique de la natation ou de l'haltérophilie est une source de risque, le foot moins. Et des examens médicaux assez simples, comme un test d'effort ou une échographie, permettent de les déceler. »
Si un médecin peut parfois signer trop vite et sans examen poussé une licence pour un sportif du dimanche, on imagine qu'un joueur qui aurait gagné 2,5 millions d'euros nets à Paris soit scruté sous toutes les coutures.

Réponse définitive
le 30 juillet


« D'un autre côté, c'est quelqu'un qui n'avait jamais connu d'alerte, pas de perte de connaissance notamment, poursuit Clément Roos. Mais pour le sport de haut niveau, les bilans sont réalisés dans des centres spécialisés (ndlr : le service de Stéphane Doutreleau à l'hôpital civil pour les joueurs amenés à signer au Racing, par exemple). Celui qui a été réalisé sur Thuram impose de l'arrêter. Il s'agit sans doute de la meilleure solution. »
Il reste qu'une contre-visite est programmée pour la fin du mois de juillet, ce qui conduira à rendre un verdict définitif quant au sort du défenseur.


François Namur
Édition du Mar 22 juil. 2008