Le Racing abordera sa saison de L2 avec moult néo-pros

Les dessous de la carte juvénile
En tant que relégué, le Racing fera partie des favoris pour la saison 2008-2009. Au regard de son effectif, il se consacre néanmoins à un sacré pari : celui de la jeunesse.
Avec plus de trente pros sous contrat à l'entame de l'intersaison, le souci de dégraisser un effectif pléthorique est apparu fort judicieux dans les rangs du Racing. Ce matin, il reste vingt-neuf joueurs dont quelques-uns veulent (Cohade, Paisley ?) ou sont priés (Abou, Yachir, Carlier) de quitter le navire alsacien.
A y regarder de plus près, le club strasbourgeois, qui affiche de discrets objectifs et de timides volontés de remontée, ne s'appuie pas sur une main d'oeuvre habituelle par rapport au passé récent. Le Racing a pris l'ascenseur dans le bon sens en 2002, comme en 2007. Il comptait dans son effectif à chaque fois des briscards qui pouvaient nourrir la confiance à l'heure de réparer ce qui avait été raté la saison précédente.

La moyenne d'âge des
pros strasbourgeois
est de vingt-quatre ans


Il s'agissait entre autres de Bertin, Martins, Chilavert, Roda, Devaux, Fischer, Bassila ou Camadini sous les ordres d'Ivan Hasek. Voilà deux ans, Jean-Pierre Papin disposait de l'expérience de Cassard, Lacour, Abdessadki, Tum, Strasser, Johansen, Deroff, voire Ekobo et Camadini pour envisager une remontée immédiate.
En cet été de reconstruction, Jean-Marc Furlan est prié de se contenter de huit éléments à 100 matches ou plus de L 1 et L 2 (Cassard, Ducrocq, Ekobo, Paisley, Lacour, Fanchone, Mouloungui et Cohade). Plus sensible encore, pour les seconder, il n'aura d'autre alternative que de confier quelques clefs de l'équipe à des joueurs sans expérience. La moyenne d'âge des pros strasbourgeois est de vingt-quatre ans.
Du côté du centre de formation, il faut dire que l'on a vivement contribué à la démarche. Finaliste en 2003, vainqueur en 2006, encore dans le dernier carré la saison dernière, le Racing s'est illustré en Gambardella, l'épreuve reine des apprentis pros, ces derniers temps.
Aujourd'hui, on peut considérer que treize « jeunes » participent à la vie d'une équipe dont la destinée est de viser l'une des trois premières places du championnat de L 2. Cela fait beaucoup. Ils n'ont toutefois pas les mêmes perspectives en ce milieu de la préparation. Ils ne sont d'ailleurs pas tous certains de faire toute la saison en Alsace. Ou alors en CFA.

Carlier : « A priori, mon avenir
n'est pas à Strasbourg »


Le cas de Rudy Carlier est celui susceptible de se régler le plus rapidement. Prêté depuis deux ans, sans crainte de s'exporter (Gueugnon, Clermont et le Racing Ferrol, en Espagne ont constitué ses récents points de chute), l'attaquant n'apparaît pas en première ligne dans les plans strasbourgeois.
« A priori, mon avenir n'est pas à Strasbourg, comprend le joueur de 22 ans. Il y a des contacts. Même si je n'en sais pas plus, je suis prêt à partir. »
De la même manière, ils sont cinq, plus destinés à fréquenter encore la CFA que de participer à l'opération remontée. L'équipe de François Keller est également en mal d'expérience avec toute une génération qui achève son cycle de formation, sans que la suivante soit dans la dernière ligne droite de son apprentissage.
Ainsi, parmi les pros, Loïc Damour est très jeune (17 ans). Mickaël Bergueira s'est vu offrir un contrat d'un an pour se remettre d'une grave blessure. Yann Schneider devra se contenter d'un rôle de cadre dans la réserve, David Ledy d'une chance de poursuivre son apprentissage tardif à Strasbourg (il est arrivé de Mulhouse en 2006), tout comme Manfred Ekwe-Ebélé.
Reste une demi-douzaine d'éléments plus ou moins concernés par le proche avenir du Racing sur les terrains de L 2. En attaque, ils sont deux. Mais Ali Mathlouthi, de retour d'un prêt à Châteauroux, et Simon Zenke, 19 ans, ne bénéficient pas des mêmes faveurs du technicien en chef.

Gasmi au relais de Gargorov


Jean-Marc Furlan ne masque pas son souhait de voir le premier « s'aguerrir à travers un nouveau prêt ». Mathlouthi a néanmoins décliné l'invitation, désireux de tenter sa chance en Alsace, au moins jusqu'au mercato hivernal. En revanche, l'attaquant nigérian peut compter sur un crédit incontestable. Son profil, tout en puissance, l'apparente à un recours intéressant pour occuper le poste d'attaquant de pointe dans un 4-2-3-1, au relais de Marcos par exemple. Son but à Marseille pour la clôture de la saison de L 1 constitue un petit crédit et une raison pour lui de croire en sa bonne étoile.
Le cas de Romain Gasmi s'avère original. Furlan le juge encore très perfectible. Le milieu de terrain vient de prolonger son contrat. Franchement doué, il pourrait profiter des plans tactiques strasbourgeois à venir. Avec les départs de Johansen et d'Abdessadki, le Racing ne peut compter que sur un n°10 pour déployer son jeu. Il s'agit d'Émil Gargorov, longtemps blessé lors de sa première saison en Alsace, en disgrâce voire douteux dans l'état d'esprit (refus de rejoindre la CFA) la saison passée. En cours de match ou en cours de saison, Romain Gasmi peut songer à prendre le relais.

Bah concurrencé par Othon


Dans un rôle plus défensif, ils sont deux à pouvoir espérer s'installer chez les pros. Aux côtés du capitaine Lacour, Cohade, s'il reste, ne jouera pas avant le mois de septembre puisqu'il soigne une pubalgie. Mamadou Bah, 20 ans, solide au poste en L 1, a déjà fait ses preuves. Il pourrait être concurrencé par Quentin Othon, dont l'entraîneur strasbourgeois est séduit par le « potentiel et le caractère ».
Pour ce dernier, l'idée originelle était de lui confier le poste d'arrière-gauche. L'intéressé se montre plus convaincant ces temps-ci un cran plus haut, dans un rôle de milieu gauche qui permet d'exploiter sa tonicité. L'évolution constitue une chance pour Jean-Alain Fanchone.
Manuel Dos Santos parti, ce dernier peut jouir d'une chance inestimable de gravir un échelon encore inespéré il y a quelques mois. Il devra convaincre du bien fondé de lui faire une totale confiance. Anthony Weber est en train d'y parvenir. Cantonné à la CFA la saison passée, le Strasbourgeois pur sucre partait avec une longueur de retard. Ses sorties en amical et sa solide préparation l'installent parmi les solutions crédibles en défense centrale, derrière Ducrocq et Paisley.
« Il a un potentiel, juge Furlan. Mais je ne change pas d'avis : si c'est bien pour le Racing de le garder aujourd'hui, je ne sais pas si c'est dans l'intérêt du joueur. Il devrait faire une saison complète. » Sous-entendu qu'il est inconcevable de l'installer sans sourciller dans le onze de départ.
Le dossier du joueur de 21 ans n'est pas loin de résumer l'épineux dilemme strasbourgeois actuel. Entre l'impératif de remontée et la nécessité de se projeter à plus long terme, le Racing n'a pas le choix. Il doit privilégier les deux.


François Namur
Édition du Lun 14 juil. 2008

(Source DNA)