C'est historique. L'équipe de France de handball est pour la première fois de son histoire championne olympique. Dimanche à Pékin, en conclusion des 26e JO, les hommes de Claude Onesta ont apporté à la délégation tricolore sa septième médaille d'or grâce à un succès plein d'autorité sur l'Islande (28-23). Invaincus de tout le tournoi, les Bleus étaient bien les meilleurs en Chine.
Leur jour de gloire est arrivé. Les «Experts», noms donnés aux handballeurs de l'équipe de France quatrième génération depuis les célèbres «Bronzés» de Barcelone, sont champions olympiques. Un titre que jamais le sport collectif français au palmarès le plus riche n'avait touché du doigt. Attendus au tournant à Pékin, les hommes de Claude Onesta n'ont pas déçu, assumant eux parfaitement leur statut de favoris de la compétition. Placés sur la voie royale depuis leur succès en demi-finale face aux Croates, les Tricolores ont magnifiquement terminé le travail dimanche contre l'Islande. Innarêtables, les champions d‘Europe 2006 se sont même permis de donner la leçon aux insulaires en finale (28-23).
Lancés par le bras gauche de Cédric Burdet qui n'avait pas refroidi depuis sa demie exceptionnelle, les Français n'ont véritablement jamais été inquiétés. Dépassés dans tous les secteurs de jeu, les Islandais n'auront en fait joué dans la même cour que les Bleus durant un petit quart d'heure seulement. A 4-4, Cédric Burdet, encore lui, insufflait le premier écart du match grâce à un 5-0 (9-4). Sans le savoir à cet instant de la partie, les «Experts» venaient, déjà, de se mettre à l'abri. Mis en confiance par un Thierry Omeyer impérial dans sa cage, et bien aidés par une défense islandaise quelque peu perméable, les Tricolores comptaient jusqu'à sept longueurs d'avance (13-6), avant de rejoindre les vestiaires avec une belle option sur la médaille d'or (15-10).
I Will survive revient à la mode
Le repos n'allait pas se révéler salvateur pour les Scandinaves. Michaël Guigou, entré en seconde période, Nikola Karabatic et Luc Abalo enfonçaient le clou d'entrée pour anéantir les derniers espoirs islandais. La défense coordonnée par le roc Didier Dinart continuait son travail de sape pour écoeurer Olafur Stefansson et sa troupe. En attaque, les systèmes s'enchaînaient comme dans un rêve. A 21-12 à vingt minutes du coup de sifflet final, le sort de la rencontre était scellé. Nikola Karabatic faisait parler son bras droit, lui qui fut si altruiste durant la compétition. L'arrière de Kiel, star parmi les stars du handball, y allait de ses huit réalisations pour terminer meilleur marqueur de la finale.
Comme une cerise sur le gâteau, l'avance des Bleus permettait à Claude Onesta de faire tourner son effectif dans les derniers instants, offrant ainsi du temps de jeu à ceux qui, comme Joël Abati ou Cédric Paty, avaient rongé leur frein depuis leur arrivée en Chine. Et comme un symbole, c'est Joël Abati, le «révérend», qui du haut de ses 38 ans parachevait le succès historique des Tricolores (28-23). Le I Will survive de Gloria Gaynor, devenu depuis un certain 12 juillet 1998 le deuxième hymne nationale derrière la Marseillaise, revenait au goût du jour dans les tribunes de Pékin. Unis et solidaires comme depuis le début des Jeux, les Français, main dans la main, paradaient sur le terrain, si heureux de décrocher l'objectif qu'ils s'étaient fixés depuis de si longs mois.
Onesta: "On a fait le match qu'on espérait faire"
Encore sous le coup de l'émotion, Claude Onesta, sonné, donnait ses premières impression de sélectionneur champion olympique aux micros de Canal +. "Chapeau aux joueurs, soufflait-il avec comme d'habitude une grosse dose d'humilité. On a fait le match qu'on espérait faire. C'est vrai qu'il y avait une différence de niveau entre les deux équipes, encore fallait-il réaliser un bon match. Sur le banc, il y avait une telle tension. Personne ne voulait rien lâcher, cette équipe est allée au bout de ce qu'elle voulait aller chercher." Ce sacre olympique qui fuyait le sport collectif français depuis la médaille d'or du football il y a 24 ans et les Jeux de Los Aangeles.
Un peu plus loin, Olivier Girault, avait lui aussi du mal à réaliser. "Je ne me rends pas encore bien compte. C'est une grande page du livre d'or de l'équipe de France qui s'écrit. Cela fait onze ans que je vis avec ce groupe, et c'est le plus beau cadeau qu'il pouvait me faire. Je tiens à tous les remercier pour ça. Je ne pouvais pas finir plus haut pour mon dernier match. Il y a eu des moments difficiles, à Athènes puis à Sydney, où on pensait aller au bout. On y repense dans ces moments-là. C'est la victoire du sacrifice ce soir. Ce groupe, ce n'est pas juste 14 ou 15 joueurs, mais 21 ou 22. Cette victoire est aussi pour ceux qui nous ont quittés au milieu de la préparation. Cette équipe a encore de belles choses à gagner." Savourons déjà le présent, monsieur le capitaine.