Avec un groupe élargi, le Racing a abordé avec efficacité son début de championnat de L 2. Les trente joueurs sous contrat n'ont néanmoins pas la même importance dans les trois succès décrochés. Qui sont les gagnants et les perdants du triptyque qui a conduit le club strasbourgeois dans le fauteuil de leader ? Les gagnants STÉPHANE CASSARD n'est pas loin de s'apparenter au meilleur joueur Strasbourgeois de ce début de saison. Décisif face à Montpellier, impérial à Dijon, il peut revendiquer une petite moitié des neuf points gagnés.
Trois matches, trois buts : dans l'incertitude offensive qui continue d'entourer le Racing, le moins dominateur jusqu'ici, JAMES FANCHONE est l'incontestable monsieur plus. Ses buts ont permis d'arracher la victoire face à Montpellier, de renverser la tendance à Dijon. Il est assurément le leader de l'attaque strasbourgeoise.
Son lointain cousin, JEAN-ALAIN FANCHONE n'est pas le leader de la défense. Il n'empêche qu'il s'est fait une petite place au poste d'arrière gauche. Pas toujours irréprochable défensivement dans la tempête, il a, à chaque fois, réussi à sortir la tête de l'eau pour faire pencher la balance en faveur du Racing.
GUILLAUME LACOUR n'est pas le plus « bling bling » de l'effectif mais le capitaine en l'absence de Paisley tient ferme la barre. Dans une forme physique irréprochable, il s'est avéré décisif dans les batailles du milieu successives remportées.
A ses côtés, MAMADOU BAH présente un profil de baromètre plutôt épatant vu son âge. Il a participé aux trois rencontres dans leur intégralité. Le Racing a renversé la tendance quand il s'est réveillé à Dijon. On peut lui conseiller néanmoins de ne pas s'endormir dans un secteur où la concurrence risque de faire rage.
On croyait RUDY CARLIER perdu pour le Racing, étant donné le rapport épisodique qu'il entretenait avec le club strasbourgeois depuis deux ans. Et l'entraîneur strasbourgeois l'a sorti de sa manche pour une titularisation quelconque en ouverture du championnat. Sorti du banc comme un joker de sa boite, l'attaquant a rappelé son réalisme et donc son utilité vendredi.
Avec nettement moins d'ancienneté au club, mais beaucoup d'expérience, HARLINGTON SHERENI s'est concocté une opération-séduction express assez épatante face à Bastia. En dépit d'une glissade qui aurait pu prêter à conséquence, le Zimbabwéen est devenu incontournable à la faveur d'une sortie musculeuse. En défense centrale ou au poste de récupérateur ?
Avec un profil nettement moins physique, LOÏC DAMOUR a trouvé une place établie dans le groupe des 16, emmené à chaque bataille. Agé de 17 ans, il incarne le remplaçant parfait d'Émil Gargorov dans les plans de Furlan et peut donc se préparer progressivement à de réjouissantes responsabilités dans un rôle d'animateur.
En balance ÉMIL GARGOROV bénéficie d'une confiance aussi affirmée que surprenante de la part de Jean-Marc Furlan. Sans être inintéressant, le Bulgare demeure (très) intermittent, mais son art du coup de pied arrêté et donc sa capacité à déverrouiller de contrariantes situations lui permettent de conserver une utilité précieuse.
Son statut d'international comme de cadre expérimenté aurait pu lui offrir une occasion de tranquillement se relancer et de s'acclimater à l'Hexagone. Mais ZOLTAN SZELESI ne domine pas avec assurance son flanc défensif droit. Intéressant dans son apport offensif, il a inspiré un certain scepticisme de son entraîneur à Dijon à l'autre bout du terrain.
Présenté comme la recrue de l'été, MARCOS est en phase d'acclimatation. La préparation d'avant-saison a laissé des traces. Son état d'esprit, qui l'incite à se sacrifier, ainsi que son profil unique d'attaquant d'impact, ainsi que son but fort bienvenu à Dijon, lui donne du crédit.
Pas loin d'être considéré comme le plus talentueux et complet de la jeune garde strasbourgeoise, QUENTIN OTHON a payé la mauvaise mi-temps réalisée par le Racing en Bourgogne par une mise au ban(c). S'il bénéficie d'une grosse cote au sein du staff technique, il souffre peut-être d'une polyvalence susceptible de le rendre efficace partout, mais incontournable nulle part.
Les deux occupants du flanc gauche offensif se livrent une belle bagarre. Ils ne sont pas loin de la catégorie des gagnants. Débarqué dans la suspicion au regard de son récent parcours cahoteux, CHAHIR BELGHAZOUANI est un ailier perforateur qui a largement contribué à la renaissance du Racing lors des deux dernières victoires. Il devra néanmoins s'affranchir du statut de joker pour remporter la bataille livrée, pour l'heure, à son principal concurrent.
Car, en dehors d'une sortie mitigée face à Bastia, SIMON ZENKE est dans l'ensemble épatant du haut de ses 19 ans. L'attaquant nigérian est également susceptible de se recentrer dans l'axe, ce qui lui donne quelques possibilités supplémentaires de s'affirmer cette saison.
La concurrence concerne également au plus haut point la défense centrale. Sorti du placard d'un éventuel prêt qui était envisagé pour lui, ANTHONY WEBER devra peut-être y retourner. Titularisé à Dijon, il n'était pas sur la feuille de match face à Bastia.
Dans l'intervalle, STEVEN PELÉ a été recruté et, après une entame difficile, s'en est correctement sorti vendredi. L'ancien Guingampais ne devra toutefois pas tarder dans son acclimatation.
Shereni a convaincu, Paisley va revenir et PIERRE DUCROCQ en a fini avec sa suspension. Ce dernier postule donc à une place en défense centrale dès vendredi prochain, à Brest. Lui tiendra-t-on rigueur du rouge écopé à Dijon ? Certainement pas. Mais l'ancien Havrais et Parisien sera bientôt en concurrence avec son « siamois », Paisley, et le nouvel arrivant, Steven Pelé. De quoi inciter à l'exiler sur la droite ?
Les perdants Jusqu'à quand ROMAIN GASMI jouera-t-il l'Arlésienne au Racing ? Pétri de talent, le vainqueur de la Gambardella 2006 a prolongé son contrat à l'été, vient de se blesser, mais n'entre pas non plus dans les petits plans de Furlan. Il reste, pour l'heure, l'incarnation d'un gâchis avéré.
ALI MATHLOUTHI est revenu plein de mordant de son prêt à Châteauroux avec la ferme intention de s'imposer en Alsace. Las. Il a dû se contenter d'apparitions en amical et d'une sortie en CFA. Si le staff technique ne lui a pas clairement fermé la porte, il lui en a réduit bigrement l'entrebâillement. Le Franc-Comtois devra sans doute se forger un avenir ailleurs.
C'est plus attendu et cela paraît encore plus irrémédiable pour trois marginaux du groupe pro. SAMI YACHIR, ABOU et YANN SCHNEIDER devront se contenter d'une saison au 4e échelon, avec le groupe de François Keller. Il en est assurément de même pour MANFRED EKWÉ-EBÉLÉ, DAVID LEDY et MICKAËL BERGUEIRA. Ces derniers bénéficient toutefois de leur jeunesse pour continuer à croire en un avenir meilleur en Alsace.
Dans l'inconnu Naturellement, les doublures de l'irréprochable Stéphane Cassard sont en salle d'attente. RÉGIS GURTNER et DAVID KLEIN sont contraints de guetter une blessure du numéro un dans les bois ou, à défaut, une suspension. Ce n'est néanmoins pas dans les habitudes du titulaire.
Les pépins physiques des trois derniers éléments de l'effectif strasbourgeois les placent dans cette catégorie marquée par l'incertitude. Orteil fracturé, GRÉGORY PAISLEY doit encore patienter un peu pour évacuer l'impression mitigée qu'il a pu laisser face à Montpellier. Le mal dont il souffre, décelé tardivement, ne l'a assurément pas aidé à prendre ses marques dans un championnat qu'il a découvert face à Montpellier.
Pour RENAUD COHADE, arrêté depuis mars pour soigner une pubalgie, le bout du tunnel approche. Mais on ne peut encore indiquer avec précision la date de son retour sur les terrains. Accessoirement, le milieu de terrain a manifesté des envies de départ. Participera-t-il réellement à l'aventure de la remontée strasbourgeoise espérée, deux ans après avoir contribué à ramener le Racing au sein de l'élite ?
Enfin, VICTOR CORREIA enchaîne les pépins physiques depuis son arrivée. Le transfuge de Cherbourg constitue un pari d'après tous les responsables du club. Son heure n'est pas encore venue.
François Namur
Édition du Lun 18 août 2008