A quelques jours de la reprise face à Montpellier, Jean-Marc Furlan livre ses premières impressions sur son équipe. Et revient sur les ambitions du club à l'aube d'un championnat de Ligue 2 qui s'annonce délicat. « J'ai le sentiment qu'on peut faire naître quelque chose, lance Jean-Marc Furlan, je le sens ». A quelques jours de la reprise en Ligue 2, le coach des ciel et blanc se montre rassurant.
Une attitude zen qu'il cultive au vu, notamment, de « matchs amicaux satisfaisants ». Avec des cadres présents (Lacour, Cassard, Paisley...), des jeunes « audacieux » et « deux ou trois joueurs expérimentés qui doivent encore venir ». Bref un groupe strasbourgeois « ambitieux », tout aussi « obsédé par la Ligue 1 » que Furlan lui-même.
Mais d'emblée, le coach met un bémol aux qualités de ce subtil assemblage en rappelant quelques vérités incontournables. A commencer par la saignée qu'a subi l'équipe du Racing durant un mercato qui a vu partir Gameiro, Bellaïd et Mouloungui.
Sans compter les « prêtés » pas conservés (Rodrigo, Renteria, Mulenga) et autres fins de contrat (Dos Santos) Soit, peu ou prou, « 8 ou 9 titulaires » de la saison passée qui ont disparu des tablettes, comme le souligne le coach.
Des départ liés à une logique financière implacable, puisqu'il a fallu « faire rentrer 11 millions pour que le club puisse vivre », précise Furlan.
« Dix joueurs ont 19 ans et n'ont jamais joué en Ligue 2 » Or compenser ces départs « va prendre du temps », estime l'entraîneur. « Si on avait gardé tout le monde, je dirais qu'on est prêts pour la L 2, mais là, il faut évaluer », poursuit le manager général. Qui rappelle qu'au sein de l'équipe, « dix joueurs ont à peine 19 ans et n'ont jamais joué en Ligue 2. Bah et Othon, qui feront partie des cadres, ont à peine 6 ou 7 matchs en L 1 derrière eux ».
Un discours prudent, qui tranche quelque peu avec cette ambition de remontée immédiate qui taraude tout l'entourage du club strasbourgeois, des supporters aux joueurs. « Je ne permets à personne de dire que je ne suis pas ambitieux, coupe immédiatement Furlan, on veut tous la Ligue 1, mais il faut faire les choses correctement ».
Et pour le coach des ciel et blanc, correctement rime avec durablement. En prenant pour exemple les clubs de Nancy, Le Mans ou Caen, qui ont su prendre leur temps pour se « construire ».
Jean-Marc Furlan se verrait d'ailleurs bien comme un entraîneur apportant enfin la « stabilité » dans un club qui ne l'a que rarement connue. En revêtant, pour ce faire un costume de « bâtisseur ». « Mon rêve est de revenir en L 1, mais mon devoir est aussi de réussir dans la durée et de réfléchir à comment on peut y arriver », répète le coach.
Sur le terrain, Jean-Marc Furlan a bien sûr son idée, refusant de renier des principes basés sur « un jeu offensif de qualité ». Et ce même si l'an dernier, le panache n'avait pas suffi aux Strasbourgeois pour se maintenir. « Je ne suis pas une girouette, j'ai un style et je le garde. Car je veux que l'équipe joue en Ligue 2 avec un fonds de jeu qui peut marcher en Ligue 1 », clame le coach.
Reste que ces travaux de construction ont un coût. Qui peut s'avérer énorme si le Racing ne remonte pas en Ligue 1 dès la fin de cet exercice.
« Chaque année de L 2 coûte des millions au président Ginestet, alors qu'en L 1, ça s'autofinance. Mais si on prend le temps de construire, on grandit et puis on s'enrichit. Tu te stabilises, tu montes et ensuite tu ne bouges plus », insiste Jean-Marc Furlan, citant en exemple, encore une fois, le club de l'AS Nancy-Lorraine. « Ils sont restés quatre ans en L 2, mais quand ils sont montés, ils ont mangé tout le monde », précise-t-il.
« Je continuerai à me comporter en bâtisseur, même si je peux être viré dans 24h » L'histoire apaisée des voisins nancéiens semble néanmoins loin de la fébrilité qui est la marque de fabrique d'un Racing affublé d'un surnom de « Marseille de l'Est » qui lui colle aux crampons.
Pas de quoi décourager Jean-Marc Furlan, qui sait que l'entraîneur est toujours en première ligne quand il s'agit de payer les pots cassés. « Je sais que je vais prendre des coups, mais je suis là pour protéger le club et les joueurs. Et je continuerai à me comporter en bâtisseur, même si je peux être viré dans 24h », termine Jean-Marc Furlan.
Barbara Schuster
Édition du Ven 1 août 2008