Avec une case départs autrement mieux pourvue que celle des arrivées, le Racing s'est consacré à un marché d'été timide pour l'heure. La tendance est susceptible de changer dans les prochains jours.
Avec le départ de trois pépites de son centre de formation (Gameiro, Bellaïd, Schneiderlin), de quelques joueurs en fin de contrat et la transhumance d'éléments prêtés vers le club d'origine, le Racing s'est bigrement déplumé depuis le début du marché d'été.
Dans un souci d'économies impératives en raison de la descente en L 2, les dirigeants strasbourgeois ont proclamé une cure d'austérité drastique. Elle a des effets sur le fonctionnement au quotidien du club, entre un staff technique allégé de quelques salaires - l'homme en charge des statistiques, Emmanuel Pascal, ou la compagne de Jean-Marc Furlan, Cécile Traverse, en charge de la préparation mentale des individualités - et des « frais de bouche » réduits à leur portion congrue à tous les étages. On réfléchit à des conditions d'hébergement moins dispendieuses dans le cadre du futur championnat de L 2, le budget pour les déplacements sera victime de coupes sombres.
Pour l'amateur de foot de haut niveau en Alsace, l'affaire ne peut pas s'apparenter à une réelle catastrophe. L'équipe pro payerait ainsi son naufrage de fin de saison, ponctuée de onze défaites d'affilée humiliantes dès lors qu'elles établissent un nouveau record d'après-guerre dans l'élite hexagonale. La démarche prête plus à conséquence au regard de l'effectif rassemblé sous les ordres d'un technicien maintenu, Jean-Marc Furlan.
Philippe Ginestet :
« Notre recrutement
n'est pas terminé »
Avec deux joueurs prêtés aux références obscures, Chahir Belghazouani, un Franco-Marocain sous contrat avec le Dynamo Kiev, et Marcos, un Brésilien qui appartient aux Young Boys de Berne et qui a joué à Ajaccio la saison passée (36 matches pour 9 buts en L 2), ainsi qu'un pari sur l'avenir, Victor Correia, au parcours cahoteux entre Belgique, Suisse et championnat national, la capacité strasbourgeoise à dominer la besogneuse L 2 apparaît douteuse. Les 4 000 personnes ayant fait l'acquisition d'un abonnement à l'année ne seraient pas loin de ressembler à des inconditionnels sans discernement ou à des amateurs de « premiers prix » désireux de faire une bonne affaire en cas de bonne surprise.
Le panorama du côté de la Meinau est néanmoins susceptible de s'éclaircir. Depuis le Maroc, où il passe une semaine de vacances, le président Philippe Ginestet n'a pas été loin de décréter une offensive sur le front des mouvements.
« Notre recrutement n'est pas terminé, garantit le n°1 du club. On peut même considérer qu'il y aura deux ou trois nouveaux joueurs avant le 31 août (ndlr : date de la fin du marché), sachant qu'il faut faire preuve de patience en la matière. On n'est qu'à la moitié de la période et c'est souvent une course d'endurance. »
« On a passé le cap du dégraissage »
Franchement économe depuis six semaines, le Racing s'est construit quelques marges de manoeuvre. Avec les départs de Tum, Gmamdia ou encore Abdessadki, la masse salariale a diminué. Au sein de l'effectif, le salaire moyen de 25 000 euros est en chute libre avec les fins de contrat de Johansen ou Dos Santos.
Voilà donc le club strasbourgeois en mesure d'investir après avoir compté pour présenter un bilan viable devant la DNCG. « On a passé le cap du dégraissage, poursuit Philippe Ginestet. Désormais, on peut considérer que la situation évoluera selon les desiderata de l'entraîneur. » En gros, à Furlan de décider où il s'agit de renforcer un effectif juvénile, en manque d'expérience.
Le technicien n'est pas loin d'avoir défini les profils requis, un défenseur central, un milieu polyvalent et un attaquant. En somme, le Racing serait mieux pourvu avec un joueur supplémentaire par ligne aux yeux de Jean-Marc Furlan. Reste à identifier les oiseaux rares.
Un contact sans lendemain
avec Johan Micoud
Aucune unanimité ne s'est faite jour entre les différentes composantes du club. Des listes de recrues potentielles sont régulièrement élaborées. Le dossier du milieu de terrain est le plus avancé, même si différents courants s'affrontent. Avec en mémoire la réussite dans la dernière opération remontée de l'ultra-médiatique Jean-Pierre Papin, les partisans d'un « coup » susceptible de conférer au Racing le profil d'un des favoris de la L 2 avancent leurs pions.
Dans ce cadre, et pour envisager renforcer un autre secteur de jeu, un contact, finalement sans lendemain, est même intervenu avec... Johan Micoud. Sans être fondamentalement opposés à un peu de « bling bling » dans un club qui s'en est fait une spécialité, d'autres militent pour un élément au nom moins ronflant dans un souci d'évacuer la pression d'indispensables résultats immédiats.
La piste Shereni à l'étude
On sait que les cas du milieu en disgrâce à Lens, mais au salaire conséquent, Julien Sablé, et du récupérateur nantais, Harlington Shereni, ont été évoqués. L'international zimbabwéen est une piste à l'étude pour donner de l'impact et de l'expérience dans l'entrejeu alsacien. Du côté du sportif, on ne se montre néanmoins pas trop pressé d'aboutir.
« Les informations pour procéder au recrutement sont de toute façon données par le coach, explique Philippe Ginestet. Il devrait peaufiner sa réflexion en fonction des deux derniers matches amicaux. »
Jean-Marc Furlan proclame, au final, qu'il est urgent d'attendre. « Il ne s'agit pas de rajouter des joueurs à d'autres, on a vu durant ces dernières semaines ce que l'empilement des joueurs pouvait être nuisible, explique le technicien. Même si, en démarrant la saison avec l'effectif actuel, on pourrait être juste, soyons prudents. Il est délicat de juger la valeur du groupe actuel, mais je sais qu'il y a une très bonne dynamique et de la solidarité. » Sous entendu que ce n'était pas le cas précédemment avant le départ des deux ou trois « brebis galeuses » nuisibles au collectif.
Un autre aspect relève de la plus haute importance dans l'esprit de l'entraîneur strasbourgeois. Potentiellement amputé d'une demi-douzaine de « titulaires » (Bah, Othon, Zenke, Szelesi, Mouloungui et/ou Gargorov) toutes les cinq à six semaines en raison du calendrier FIFA, son groupe ne serait renforcé qu'en accueillant un joueur sans engagement avec sa sélection, ce qui n'est pas le cas de Shereni. « Il faudrait que le joueur renonce un temps à la sélection », prévient ainsi Furlan.
Entre l'urgence et la patience, entre l'expérience et le talent, entre une confortable tranquillité et une clinquante tradition, entre la nécessité de remonter immédiatement et la paisible construction, le Racing tâche de gérer ses paradoxes. Le nouveau milieu de terrain, attendu sous une dizaine de jours, pourrait l'aider à y voir plus clair entre ses différentes options.
François Namur
Édition du Lun 21 juil. 2008