Là où le bât blesseToujours installé sur le podium, à la faveur des résultats plutôt positifs enregistrés vendredi soir, le Racing peut espérer réaliser une belle opération en cas de victoire à Amiens. Encore faudra-t-il afficher un visage autrement plus entreprenant que ces dernières semaines. Tour d'horizon des caractéristiques à améliorer en terre picarde pour espérer repartir de l'avant.A la question de savoir s'il envisageait le zéro pointé avant Noël, eu égard à la cascade de forfaits et au faible rendement des siens, Jean-Marc Furlan a exécuté hier une belle pirouette pour retomber sur ses pieds.
« Et pourquoi on ne prendrait pas six points », s'est-il interrogé. Oui, en effet, pourquoi ne pas vaincre demain au stade de la Licorne, avant de glisser sous le sapin un gros paquet au soir de la réception de Boulogne, lundi en huit ?
Verrouiller l'accès au but, d'autant que les Picards ne sont pas des foudres de guerre A l'issue de deux défaites assez sèches et nullement illogiques - 3-2 à Metz et 0-2 contre Guingamp -, il faut quand même afficher une bonne dose d'audace et d'optimisme pour croire en un scénario aussi idyllique. Le coach n'en manque pas, même si cela peut s'apparenter à une méthode Coué déguisée.
De l'audace et de l'enthousiasme, voilà les deux vertus que Furlan convoque en cette période de grisaille et de froid. Elles avaient permis aux Bleus de connaître un été radieux, avec cinq victoires à la suite. Aujourd'hui, seules subsistent de timides braises. Les Strasbourgeois veulent croire qu'un vent favorable peut suffire à attiser les ardeurs victorieuses. D'autres détails, et pas des moindres, contribuent à y participer.
ÊTRE SEREIN DERRIÈRE. - La ligne défensive n'a pas été, jusque-là, un modèle de stabilité. Entre les blessures successives de Paisley puis de Pelé et la mise à l'écart de Szelesi, Furlan a souvent modifié ses plans. Dans l'ensemble, pourtant, l'édifice alsacien pouvait s'appuyer sur des fondations solides.
Longtemps, la défense du Racing faisait partie des moins perméables du Championnat, derrière celles de Boulogne et de Metz. Mais en deux matches, tout s'est écroulé. Cassard a ramassé à cinq reprises la balle au fond de ses filets, soit autant de fois que lors des cinq journées précédentes.
Convaincant contre Guingamp, le jeune Anthony Weber et son compère Grégory Paisley, en quête de rachat, devront verrouiller lundi l'accès au but strasbourgeois. Une impérieuse nécessité, d'autant que les attaquants picards ne sont pas des foudres de guerre.
« Faire plus d'efforts, se serrer les coudes »RETROUVER LA GNAC. - Le manque de ressort et d'allant constaté durant une grosse période à Metz et les trois derniers quarts du match contre Guingamp ne cessent d'inquiéter. Alors qu'elle avait bâti ses succès de début de saison sur la hargne et l'envie irrépressible de ne jamais rien lâcher, l'équipe a sombré dans une forme d'apathie que l'accumulation de défections ne suffit à expliquer.
« La fougue de l'été fait défaut, constate Guillaume Lacour, le sage du Racing, au club depuis 2001. Il faut repartir sur plus d'agressivité et de combativité. Quand tu te fais bouger en Ligue 2, c'est d'un point de vue physique. Ce n'est peut-être pas notre point fort, mais ça se passe essentiellement dans les têtes. A nous de faire plus d'efforts, de nous serrer les coudes. »
Selon le vice-capitaine, l'une des clés de la réussite se situe dans « l'efficacité en termes de récupération du ballon. » A Amiens comme à Metz, Furlan a décidé de densifier ce secteur de jeu (lire ci-contre). Avec plus de réussite, cette fois ?
MARQUER DES BUTS. - La toujours meilleure attaque de Ligue 2 - en compagnie de Montpellier depuis vendredi (27 buts) - marque... le pas. Si Rudy Carlier est parvenu à masquer la misère à Saint-Symhorien, à la faveur d'un doublé empreint d'opportunisme, les Bleus ne se créent plus guère d'occasions franches.
Dans ce secteur, l'absence de Marcos, le point d'ancrage, pèse lourdement. Celle de Gargorov risque d'être pénalisante. Sans parler de Belghazouani, dont le limogeage coïncide peu ou prou avec le début des ennuis.
En Picardie, Furlan compte sur un trident inédit composé de Fanchone - de retour après avoir purgé ses deux matches de suspension -, Carlier et Traoré pour redonner vie à une attaque en berne. Les principales attentes se cristallisent surtout sur l'Ivoirien, discret, pour ne pas dire effacé, depuis un mois. La rentrée de Fanchone sera aussi épiée, lui qui avait perdu les pédales dans une fin de match échevelée à Metz.
S'imposer à Amiens marquerait les espritsMONTRER LES CROCS. - Si Lens a pris ses distances, la défaite domestique de Metz contre Angers (0-1), nouvel outsider au podium, et les points perdus par Boulogne contre Tours (3-3) peuvent permettre au Racing de réaliser la bonne opération de la journée. S'imposer à Amiens, dans un contexte difficile et avec une équipe au visage juvénile, marquerait les esprits. Et prouverait que les hommes de Furlan ont les crocs dans cette lutte indécise pour la montée en Ligue 1.
Sébastien Keller
Édition du Dim 7 déc. 2008